Directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS)
Vendredi 7 décembre 2018
14h30-16h30, Amphi 400
(Pôle Pasteur, Université de Rouen Normandie)
Retrouvez cette conférence en vidéo à l'adresse suivante : https://webtv.univ-rouen.fr/permalink/v125acdeb6201nmwgn3s/
L'économie est-elle une science expérimentale ?
Une science sociale ?
Une science historique ?
Aujourd’hui l’économie connaît d’importantes évolutions. Elle revendique de plus en plus fortement le statut de « science expérimentale ». Cette revendication va de pair avec d’importantes transformations, comme sa prise de distance à l’égard de l’homo œconomicus, hypothèse qui pourtant jusqu’à maintenant se trouvait au cœur même de sa démarche. En effet, au nom des faits objectifs, les économistes font valoir que, non seulement les acteurs économiques sont cognitivement limités, au lieu d’être parfaitement rationnels, mais encore, loin d’être d’incorrigibles égoïstes, ils sont capables de coopération et d’une extraordinaire générosité. Dans le même mouvement, les économistes néoclassiques prônent un rapprochement avec les sciences sociales car, disent-ils, on ne peut pas analyser l’individu hors de son contexte social et, sur ce plan, l’apport des sociologues est indispensable.
Assurément ces évolutions sont surprenantes. Surtout aux yeux d’un économiste hétérodoxe qui comme moi n’a pas cessé et de montrer les limites de l’homo œconomicus et de plaider pour une approche pluridisciplinaire. Faudrait-il en déduire que les économistes néoclassiques se sont convertis aux approches hétérodoxes ?
Nous voudrions, dans cette conférence, réfléchir à ces questions : quel statut pour l’économie ? Science expérimentale ? Science sociale ? Science historique ? Les trois à la fois ? Je m’efforcerai d’illustrer mon propos en mobilisant mes recherches sur la monnaie car la réalité monétaire est un excellent terrain pour évaluer les transformations en cours de la théorie économique.